L’Hyperloop selon Transpod [étude de cas]

« S’ils se souvenaient du défectueux fonctionnement des paquebots et des chemins de fer, de leurs collisions fréquentes, de leur lenteur aussi, quel prix les voyageurs n’attacheraient-ils pas aux aérotrains, et surtout à ces tubes pneumatiques, jetés à travers les océans, et dans lesquels on les transporte avec une vitesse de 1.500 kilomètres à l’heure ? ». Voici ce qu’écrivait Jules Verne en 1889 pour décrire les transports du XXIXème siècle. Pur fruit de science-fiction, c’est aujourd’hui l’ambition folle de l’Hyperloop qui devrait apparaître d’ici 2030.

• Dans cet article
• Qu'est-ce que l'entreprise apporte de nouveau ?
  • … à ses clients et utilisateurs
  • … en termes de différenciation concurrentielle
• Le potentiel économique de l’Hyperloop de Transpod
• En quoi est-ce innovant ?
• La courbe de valeur de l'hyperloop de Transpod 
• La proposition de valeur 
• L'architecture de valeur 
• Les défis à relever pour l'hyperloop de Transpod 
• L'équation de profit de l'hyperloop de Transpod : est-ce un projet rentable ? 
• Ressources 

Le projet d’Hyperloop a pour la première fois été présenté en 2013 dans le livre blanc d’Elon Musk. Le principe : un tube surélevé dans lequel se déplacent des capsules transportant des voyageurs et/ou des marchandises. L’intérieur du tube est sous basse pression pour limiter les frictions de l’air, ce qui permettrait une vitesse de plus de 1 100 km/h. Un tel système installé entre le Los Angeles et San Francisco pourrait relier les deux villes en moins de 30 minutes, contre 1h30 en avion et près de 10h en train.

Pour le développement de l’Hyperloop, Elon Musk encourage la collaboration et l’open-innovation, et il n’a volontairement déposé aucun brevet. Plusieurs sociétés travaillent alors sur le développement de la technologie avec chacune sa propre vision du projet. Hyperloop One, Hyperloop Transportation Technologies (HTT) et TransPod en sont les principaux. Dans cet article nous allons nous concentrer sur la société Transpod, créée par Sebastien Gendron et Ryan Janzen en 2015 à Toronto

Qu’est-ce que l’entreprise apporte de nouveau ?

… à ses clients et utilisateurs

L’ambition du projet de Transpod est de créer le nouveau « métro mondial« , en reliant les plus grandes métropoles de la planète. Pour cela, plus ou très peu de contraintes d’horaires et d’attente pour les voyageurs puisque les capsules peuvent partir à n’importe quel moment avec un départ toutes les 80 secondes (contre toutes les 2 minutes pour HTT). C’est « la vitesse d’un avion, avec la fréquence d’un métro ». Une vitesse qui, en effet, pourrait atteindre près de 1.200 km/h, l’équivalent de la vitesse du son, contre 800 km/h pour l’avion et près de 300 km/h pour le train.

Mais l’Hyperloop de Transpod c’est aussi une révolution en termes de transport de fret. Grâce à un service dédié, l’entreprise garantie une livraison ultra-rapide pour un coût de la tonne au kilomètre moindre que pour le cargo aérien.

Par ailleurs, ce train du futur se pose aussi comme la parfaite alternative écologique aux moyens de transport existant. Alimenté électriquement, il n’émettra pas de CO2 en exploitation et pourrait d’ailleurs même être entièrement auto-suffisant à l’aide de panneaux solaires.

… en termes de différenciation concurrentielle

En somme, le futur train à grande vitesse sous vide sera plus rapide et plus éco-responsable que le train ou l’avion, tout en étant plus flexible et disponible. Il permettra aussi de s’affranchir des nuisances du transport aérien (bruit mais aussi pollution). De nombreux avantages concurrentiels qui viendront bouleverser le marché des transports actuels ainsi que les usages et les habitudes de ses voyageurs.

Mais face à une innovation si prometteuse, la concurrence est rude pour être les premiers à développer et à commercialiser ce produit.

Le potentiel économique de l’Hyperloop de Transpod

Avec la mondialisation et les échanges transnationaux et internationaux croissants, le potentiel économique de l’Hyperloop de Transpod est très important.

En France, ce sont, en moyenne, 100 millions de voyageurs par an qui prennent le TGV. Pour le trafic aérien, on monte à plus de 200 millions de passagers commerciaux en 2018 en France. Autant de clients potentiels pour ce nouveau moyen de transport, et ce n’est que pour la partie BtoC du projet. En 2019, 374 milliards de tonnes de marchandises ont été transportées sur le territoire français métropolitain, en hausse constante (+2,5% vs 2018). Dans le cas de l’Hyperloop, les marchandises transportées seront les commandes effectuées sur Internet et les denrées périssables (alimentaire). Un potentiel d’activité qui demeure important au vu du poids importants de ces produits dans le commerce mondial.

Avec le potentiel économique que ce projet représente, c’est une véritable course contre la montre qui se joue pour être la première entreprise à commercialiser l’Hyperloop. Face à Transpod, deux principaux concurrents directs :

• Virgin Hyperloop One, fondée en Californie par Shervin Pishenar. Elle est celle ayant soulevé le plus de fonds, près de 280 millions de dollars. L’entreprise possède une plateforme de test près de Las Vegas et a battu le premier record de vitesse pour la technologie Hyperloop (387km/h sur 437 m en 2017).
• Hyperloop Transportation Technologie, elle est issue de la plateforme participative et incubateur JumpstartFund. C’est une véritable communauté de chercheurs internationaux qui participe au développement du projet Hyperloop TT. En janvier 2017, elle a ouvert son premier centre de recherche près de Toulouse. Son marché cible est l’Europe.

En quoi est-ce innovant ?

Reprenons ici la grille de BpiFrance afin de déterminer sur quels aspects Transpod peut être considérée comme innovante. L’intensité d’innovation sera évaluée de 1 (incrémentale) à 4 (rupture) pour chaque item.

• Produits, services : 4
  • Le service de transport proposé par Transpod est très innovant puisqu’il permet à des individus et/ou des marchandises de voyager à très haute vitesse (1200km/h) entre des grandes villes, sans contrainte d’attente et d’horaires.
• Innovation marketing et commerciale : 1
  • Transpod promeut son futur produit et l’avancement de son projet par une communication poussée via son site internet et une présence sur des journaux d’expertise. Le but : convaincre les futurs adopteurs précoces, et séduire de potentiels investisseurs et actionnaires.
• Innovation de modèle d’affaires : 1
  • Transpod met en place de l’open-innovation pour développer au mieux son projet. L’entreprise collabore avec des entreprises du secteur de l’aérospatiale, des chercheurs universitaires, et un cabinet d’architecture en Europe. Elle a aussi un système de R&D interne très développé et des infrastructures de tests.
• Innovation sociale : 3
  • Cette innovation répond à un enjeu sociétal fort : proposer un transport écologiquement responsable, viable sur le long terme.
• Innovation technologique : 4
  • Ce système de transport, utilisant des tubes à basse pression avec un système de lévitation magnétique, est révolutionnaire et n’a jamais encore été utilisé. Transpod est encore en phase de test pour cette technologie dans son site d’essai de Dreux, et de forts efforts en R&D sont déployés pour parvenir à démocratiser cette innovation technologie majeure.