C’est un article publié dans les Échos qui me donne envie d’analyser comment, dans un secteur qui semble traditionnel, les innovations très nombreuses permettent de maintenir l’intérêt ou d’attirer de nouveaux clients. Les machines à sous, les fameux « bandits manchots » ne datent pas d’hier et semblent avoir peu évolué. Rien n’est plus faux ! Nous sommes ici dans le cas typique des produits et services qui semblent à première vue ne pas évoluer mais qui, par l’innovation, provoquent pourtant un intérêt sans cesse réactivé.
- Dans cet article
- Un bandit ... "manchot" ? ...
- Un peu d'histoire
- Et aujourd'hui, à quoi ressemblent les machines à sous ?
- Un peu de réalité augmentée ?
- Un soupçon de communautaire ? Jouer au casino "en réseau"
- Les machines à sous 100% en ligne
Un bandit … « manchot » ? …
Tout d’abord quelques mots sur ce terme de « bandits manchots », qui me fascinait quand j’étais petit. La première fois que je l’ai entendu, je me demandais quel était ce mot et ce qu’il pouvait exprimer. S’agissait-il d’un seul mot (« un bandimanchot ») ou était-ce bien ce que j’avais imaginé, un pirate à qui il manque une main ? Je dis « pirate » car j’étais alors en pleine lecture de l’Île au Trésor de Stevenson, et mon imagination convoquait dans mon esprit un parent ou un ami de Long John Silver, aussi truculent et malfaisant que lui.
Le terme « bandit manchot » est en fait directement tiré de l’argot américain : « one arm bandit ». Il vient du fait qu’avec son bras unique à actionner, cette machine subtilise l’argent de ses clients aussi efficacement qu’un véritable bandit.
Un peu d’histoire
C’est das les années 1880 qu’apparaissent aux États-Unis les premiers appareils de jeu à prépaiement. Les premiers jeux étaient des machines en bois, des automates, dotés de mécanismes simples et qui représentaient par exemple des courses où deux chevaux s’affrontaient. Ces jeux étaient placés en évidence dans certains bars et provoquaient des paris entre les clients. En cas de victoire, les clients gagnaient souvent des cigarettes, des boissons ou des « jetons » pouvant être échangés contre des boissons.
Il n’était donc pas question au départ de gagner de l’argent directement. Ce système peut se rapprocher de ce qu’on trouve encore au Japon, les fameux pachinko (prononcer pa-tchinn-ko パチンコ) où, de façon hypnotique, les clients ajoutent des petites boules en fer dans une machine au bruit assourdissant pour gagner -officiellement tout du moins- d’autres petites billes en fer qu’il pourront échanger contre des lots (puis contre de l’argent mais c’est une autre histoire …).
C’est Charles August Fey créa la première machine à sous à rouleaux, la Card Bell en 1898, puis la perfectionna en 1899 pour créer le modèle Liberty Bell, plus compacte et en métal. Charles est né en Allemagne en 1862, en Bavière plus exactement. Il est issu d’une famille pauvre et l’argent devient rapidement un sujet d’intérêt. Il se passionne rapidement pour la mécanique, domaine dans lequel il trouve ses premiers emplois.
Afin d’éviter le service militaire, obligatoire en Allemagne, et de quitter un contexte familial violent, il décide de quitter son pays et de rejoindre un oncle immigré aux USA. Par manque d’argent pour se payer la traversée, il doit travailler en France et en Angleterre et ne traverse finalement l’Atlantique que 5 ans plus tard. Diagnostiqué tuberculeux, c’est vers la Californie qu’il se dirige. La décision fut bonne car, contre toute attente, sa tuberculose finit par guérir, il se marie et a quatre enfants. Il ouvrira un magasin de machines à sous sur la fameuse Market Street de San Francisco.
Le modèle Liberty est donc l’ancêtre des machines à sous. Les symboles qui apparaissent sur les rouleaux sont : l’as de carreau, l’as de pique, le cœur, le fer à cheval et la fameuse cloche de la liberté.
Ces symboles sont encore aujourd’hui repris sur un nombre incroyable de machines ! Le succès est immédiatement au rendez-vous et d’autres entreprises commercialisent rapidement des machines concurrentes, en essayant de contourner le brevet qu’avait déposé Charles.
Les machines à sous mécaniques restent la norme jusqu’au moment au Bally (qui existe encore !) lance les appareils électromécaniques, au cours de l’année 1963.
Et aujourd’hui, à quoi ressemblent les machines à sous ?
Cette petite vidéo d’un jour de casino qui a gagné 519 000 € sur une machine à sous à la Rochelle permet de voir que les machines à sous « traditionnelles » ont en apparence très peu changé. Le levier sur le côté droit est toujours là (même si les joueurs peuvent maintenant appuyer sur un bouton à la place). Les joueurs peuvent confortablement s’assoir devant la machine et choisir celle dont le thème leur plait le plus (logo, graphisme représentant un film, un jeu, un chanteur, …).
Mais cet immobilisme apparent est trompeur : les innovations sont là et elles sont de plus en plus nombreuses.
Un peu de réalité augmentée ?
Les clients des casinos ne se contentent plus des machines à sous d’autrefois. Dans ce domaine comme dans d’autres, ils veulent vivre une « expérience » et être impliqué dans le jeu. La simple pression répétée et hypnotique sur un bouton en attendant l’hypothétique jackpot ne suffit plus.
Pour répondre à ce besoin, les sociétés de casinos dépensent de plus en plus en recherche et développement. Les budgets se montent facilement à plusieurs millions d’euros et permettent le dépôt de nombreux brevets. Je pense notamment aux brevets sur l’imagerie 3D sans lunettes. Cette technologie permet aux clients de voir en trois dimensions des pièces jaillir de la machines lorsqu’ils réalisent des jackpots.
Cette innovation peut être couplée à un capteur qui suit le regard du joueur et permet ainsi de renforcer l’aspect immersif des images et des animations. C’est le cas par exemple du « Tapis Volant d’Aladin » qui promet un « »voyage au pays des 1.001 jackpots ». Ajoutée aux sièges vibrants et au travail sur les ambiances sonores et parfois olfactives, tout est fait pour immerger le joeur dans une expérience globale, stimuler ses sens et renforcer le plaisir du jeu.
Un soupçon de communautaire ? Jouer au casino « en réseau »
Il ne suffit plus de jouer mais il faut le faire savoir, jouer en réseau, avec ses amis ou avec des inconnus. De nouvelles machines à sous déclenchent des « party time » à certaines occasions. Ce sont alors plusieurs équipes qui s’affrontent autour d’un nouveau jeu qui se déclenche et qui interrompt donc la simple partie bandit-manchot, relançant ainsi l’intérêt et l’excitation du jeu.
Ces parties bonus reprennent les codes graphiques et les mécaniques de jeu de ce qu’on trouve sur les téléphones portables ou les consoles de jeu. Le jeu en réseau est particulièrement développé (e-games, e-sports, consoles, …) et rapprocher ses univers peut amener dans le monde des salles de jeu des joueurs qui pourront ajouter au frisson de la compétition celui de la mise d’argent réel.
Les machines à sous 100% en ligne
Bien sûr, les machines à sous peuvent être 100% virtuelles. Si l’expérience de jeu peut paraitre en souffrir, les sites et les applications qui proposent ces machines à sous complètement dématérialisées utilisent plusieurs des innovations décrites ici pour compenser la distance (expériences immersives, lunettes 3D, connexions entre joueurs réels pour des compétitions à distance, …).
Ces machines à sous en ligne peuvent être une bonne expérience, notamment pour ceux qui ne sont jamais allés dans un casino physique. Elles peuvent également être utilisées par des joueurs habitués au casino mais qui ne peuvent y aller aussi souvent qu’ils le souhaiteraient ou qui veulent simplement faire une partie rapide.
Il faut cependant faire attention et choisir un site reconnu et professionnel, pour éviter les désagrément.
Il existe des plateformes qui comparent les sites de machines à sous en ligne, à la manière des comparateurs d’assurance.
L’univers des jeux d’argent, à la réputation encore parfois sulfureuse, s’est normalisé et est devenu un secteur presque comme les autres. Il est très concurrentiel et il est intéressant de voir comment les acteurs de ce secteur utilisent l’innovation pour gagner la compétition.