Innovation est un terme couramment utilisé aujourd’hui. Beaucoup de mots s’entremêlent tels: open Innovation, start-up, écosystème, disruption et bien évidemment digital ! Une étude IPSOS datant de 2013 (5 ans, autant dire une éternité ! 😉 ) montrait que seuls 5% des effectifs étaient affectés à l’Innovation dans les grandes entreprises. Autrement dit une Innovation essentiellement focalisée sur la R&D telle que l’on pouvait l’imaginer au 20ème siècle… Mais voilà, l’apparition de nouveaux concurrents poussés par le vent du numérique a changé fortement la donne. Devant la disruption de pans entiers de l’économie, les acteurs en place sont condamnés à innover ou à disparaître, comme l’annonce l’excellent livre d’Olivier Laborde. Où trouver l’innovation ? Au dedans ou en dehors de l’entreprise ?
Le phénomène startup
Le phénomène start-up pousse à aller chercher l’Innovation en dehors de l’entreprise. En effet, elles ont en apparence, toutes les qualités: agiles, disruptives, agressives, flexibles et digitales. Là où les grands groupes brillent par leur rigidité, conformisme, pour ne pas dire immobilisme !
Un certain l’angélisme flottait au début des années 2010 : “s’afficher avec des start-up était cool”. Depuis, les relations groupe/start-up ont gagné en maturité . Ainsi nous commençons à distinguer plus clairement les pratiques.
Panorama des pratiques pour aller chercher l’innovation en dehors de l’entreprise
La théorie des petits pas
Une première approche pour une entreprise serait de passer une première commande auprès de Start-up, non ? Pourtant le baromètre 2017 de la French Tech constate la faible volumétrie (0,1% des achats) et la fâcheuse tendance des acheteurs à négocier des POC gratuits….. Une barrière identifiée se situe d’ailleurs au niveau des achats et du juridique…ce n’est pas par hasard si La poste a mis en place un acheteur spécialisé dans les relations avec les start-up : l’Innovation commence déjà par revoir ses manières de contractualiser !
L’incubation
les incubateurs publics et privés sont aujourd’hui monnaie courante. Ainsi pour une entreprise, accueillir une start-up au sein de son propre incubateur permettrait de favoriser l’émulation avec ses propres équipes. En étant aux premières loges, l’entreprise capterait plus facilement les innovations. C’est par exemple ce que propose Renault et son incubateur.
La prise de participation
A des stades plus ou moins précoces, elle permet de miser sur “LA” pépite. Là encore la plupart des grands groupes ont mis en place des fonds de Corporate Venture Capital tel Axa, SNCF, Orange. Alliance Ventures (Renault, Nissan et Mitsubishi) a pour ambition d’investir 1 milliard d’euros sur les 5 prochaines années
A la différence d’un Venture Capital classique, la start-up bénéficie non seulement de l’apport financier mais aussi de l’expertise métier de l’investisseur comme c’est le cas chez Invivo Invest par exemple.
L’acquisition de start-up (M&A)
Au delà des montants astronomiques de certaines acquisitions, la problématique démarre souvent après l’achat. Quel niveau d’intégration favoriser ? Toutes les solutions sont rencontrées. Elles vont d’une intégration pure et simple, à la création d’une nouvelle BU, voir la co-existence de structures distinctes qui bénéficient de fonctions support communes. Tout est possible mais ce qui est certain c’est que l’on ne doit pas sous-estimer les différences culturelles, pour ne pas dire “génétiques” des 2 modèles comme le présente cet article sur l’acquisition de Charp par Mixdata.
Ce rapprochement est-il payant ?
Il est difficile de donner un chiffre précis. Le baromètre de la FINTECH indique que 37% des POC sont convertis en produits commercialisés et/ou industrialisés. Nul doute que cela ira en augmentant au fur et à mesure du retour d’expérience et de diffusion des bonnes pratiques.
Alors, aller chercher l’innovation en dehors de l’entreprise ? Ces résultats sont donc encourageants mais loin d’être « LA » solution miracle.
D’ailleurs, qu’est-ce qui motive les entreprises à réaliser de l’Innovation Externe ?
- Un résultat rapide : en puisant dans des ressources et technologies non disponibles en interne.
- Un risque maîtrisé : en cas d’échec on perd seulement la mise de départ. Le projet est isolé dans une grosse “sandbox”. Ainsi les dégâts collatéraux sont minimisés.
- Le maintien (à court terme) de son business model traditionnel : on n’affole pas les troupes sur les conséquences à plus long terme du nouvel entrant.
- Une image dynamique et “djeun’z” : bien pratique afin de communiquer en interne et en externe.
Ces motivations d’Innovations externes sont légitimes mais ne cachent-elles pas la partie immergée de l’iceberg ?
En effet qu’en est-il de la capacité de l’entreprise de se régénérer et de se renouveler par elle-même ?
Tiens prenons une métaphore footballistique…au hasard : le PSG….! Ce n’est pas parce que l’on recrute des stars à l’extérieur à coup de 400 millions d’euros que l’on va garantir le succès. Regardons les tôliers de la Champions League que sont le Barça, le Real ou encore le Bayern. Ils recrutent des talents bien sûr mais plus encore, ils savent les intégrer dans un collectif cohérent, rodé et uni. Le développement externe est au service d’une vision globale, pas l’inverse !
Alors, ce que l’entreprise peut aller chercher à l’extérieur, ne peut-elle pas également le trouver à l’intérieur ? Après tout, ses collaborateurs ne sont-ils pas les mieux placés pour faire évoluer les choses ?
Et si l’Innovation venait (aussi) de l’intérieur ?!………(À suivre)