Innovation : histoire d’un concept à succès

Commençons par là où commencent (sans toujours l’avouer) toutes les personnes qui s’intéressent à un nouveau sujet : Wikipedia. Que nous dit ce vénérable site sur l’histoire du concept d’innovation ? (Innovation. Wikipédia (2015). at <http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Innovation&oldid=112503591>):

L’innovation est un principe économique qui recouvre l’ensemble des activités micro-économiques marchandes des entreprises de production, de prestations de service et de distribution dédiées à :

• la mise sur le marché mondial de nouveautés, de produits et de services nouveaux ou significativement améliorés ;
• l’adoption en leur sein des changements et des mesures internes améliorant leur efficacité et leur efficience.

Aujourd’hui, l’innovation est donc ce qui consiste pour une entreprise à proposer quelque chose de nouveau à des « clients » (puisqu’on parle d’entreprise) ou bien ce qui permet de mieux produire ce que cette entreprise produit déjà. Wikipedia ajoute en effet un peu plus loin :

Sur le plan individuel, l’innovation est le fait de rompre avec ses habitudes, de faire quelque chose pour la première fois ou d’être le premier à le faire créativement. Elle se rapproche en cela de la créativité.

Ce dernier point explique en grande partie le succès récent du thème de l’innovation : en effet, ce terme est utilisé de façon beaucoup plus large que dans le seul champ économique. On le confond souvent avec la créativité et on l’utilise dès qu’on veut insister sur l’aspect nouveau d’une objet ou d’une activité. Si on est intéressé par l’évolution au cours de l’histoire de la signification du terme « innovation », on pourra lire l’ouvrage passionnant de Benoit Godin, professeur à l’université INRS de Montréal. Cet ouvrage fera bientôt l’objet d’un article. [asa]0415727200[/asa]

Toujours d’après Wikipedia : il vient du mot latin innovare qui signifie « revenir à, renouveler ». Innovare quant à lui est composé du verbe novare de racine novus, qui veut dire « changer », « nouveau », et du préfixe in-, qui indique un mouvement vers l’intérieur. Dans la terminologie juridique au Moyen Âge : « introduire quelque chose de nouveau dans une chose établie », d’où l’acception de renouveler. Jusqu’au XII^e siècle, le mot désignait ce qui était jeune. Puis vers le XVI^e siècle, le sens dérive vers ce qui est singulier, inattendu, surprenant. C’est à cette même période que le mot innover signifie faire preuve d’inventivité, créer des choses nouvelles, sens qu’il a encore en partie aujourd’hui.

L’histoire a donc vu le sens du mot innovation évoluer fortement. Aujourd’hui ce terme, parce qu’il renvoie de nos jours à l’idée de progrès et de nouveauté, est utilisé de façon intensive pour construire des expressions qui correspondent à autant de « sous-catégories » : innovation ouverte, innovation participative, innovation sociale,innovation frugale, innovation inclusive, innovation incrémentale, innovation radicale, innovation révolutionnaire, innovation évolutive, innovation associative, innovation spasmodique, etc.

Sur le concept même d’innovation plane l’ombre tutélaire d’un auteur autrichien, naturalisé américain : Joseph Schumpeter.

Car si le mot innovation vient du latin, c’est bien Schumpeter qui, dans son livre : « Capitalisme, Socialisme et Démocratie » lui donne son sens actuel, en faisant donc un néologisme auquel il donne plusieurs définitions au fil de l’ouvrage. Cette nouvelle acception du mot aura le succès qu’on lui connait aujourd’hui.

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