Il peut paraître surprenant de chercher à innover à l’extérieur sans faire appel aux ressources internes. Après tout, les collaborateurs d’une entreprise ne sont-ils pas les mieux placés pour faire évoluer les choses ? J’ai rencontré Didier Bourdenet, expert en management de l’innovation, pour savoir comment d’après lui il était possible de travailler avec les collaborateurs de l’entreprise pour résoudre un problème, parfaire une organisation, améliorer des relations commerciales ou bien encore expérimenter de nouveaux business model. Didier était déjà intervenu dans les Cahiers de l’Innovation, si vous voulez relire cet article, c’est par là ! 😀). Alors innover à l’intérieur de l’entreprise en priorité est-il la clé du succès ?
Faire participer les collaborateurs semble évident. Pourquoi ne le fait-on pas spontanément ?
Il y a trois grands freins à la participation des collaborateurs au processus d’innovation, pour « innover à l’intérieur » :
- Tout d’abord l’innovation a été cantonnée jusqu’à il y a très peu de temps à la R&D et à la technologie (cf. épisode 1). Bref aux gars en blouses blanches dans leurs labos … et donc à une partie infime de l’entreprise. C’est fort heureusement en train de changer notamment avec l’effet “disruptif” du numérique.
- Ajoutez à cela une composante culturelle (surtout en France) où partage du savoir = partage du pouvoir et il en résulte un fonctionnement en silo qui ne favorise pas le brassage des idées. Or l’Innovation est par nature transversale et multidisciplinaire.
- Enfin, il ne faut pas oublier qu’un grand groupe est avant tout une énorme machine bien huilée (enfin sur le papier !). Son objectif est l’excellence opérationnelle : performance et efficience. Le système sera donc tout disposé à éliminer toutes velléités de changements tel un anticorps considérant l’Innovation comme un corps étranger !
Pourtant dans un environnement de plus en plus “VUCA” (Volatile, Uncertain, Complex, Ambiguous), l’innovation est devenue la condition sine qua none pour la pérennité de l’entreprise. Il y a urgence à Innover !
Heureusement, les signes du changements sont déjà là ! même dans les grands groupe.
Oui, la révolte gronde dans les bureaux ! les corporate hackers passent à l’attaque ! Comme l’expliquent Marie-Noeline Viguié et Stéphanie Bacquere le temps des Corporate Hackers est venu ! lassés de voir leurs entreprises sombrer dans l’immobilisme ils/elles ont décidé d’agir en sous-marin. Ils élaborent des stratégies afin de faire évoluer les choses et mettent leur hiérarchie devant les faits accomplis. Leurs supérieurs pourront toujours s’arroger les palmes du succès après coup !
“On ne peut pas transformer en start-up toutes les entreprises, mais on peut faire entrer l’esprit start-up dans toutes les entreprises” (Makestorming / le guide du Corporate Hacking, diateino 2016)
Sans aller à cette extrémité, les mentalités évoluent notamment grâce aux nouvelles pratiques “agiles” insufflées par le digital.
Et les méthodes dites « agiles » ont profondément changé les mentalités …
Par exemple les approches issues du manifeste agile telle Scrum sont une mini-révolution au sein des équipes de dev. En passant d’une gestion séquentielle de projet en “V” à une approche agile c’est tout l’écosystème managérial qui évolue. D’une action de planification on passe à une posture d’adaptation: les managers se transforment en Servant Leader ou facilitateurs agiles et les équipes auto-organisées gagnent en agilité et capacité à Innover. Ne nous trompons pas, il s’agit d’une véritable révolution copernicienne. Le client est enfin écouté car le « Product Owner » est là pour faire entendre sa voix/voie !
Cerise sur le gâteau, le système s’améliore à chaque itération dans un esprit “lean”, innover devient donc un véritable état d’esprit !
Hier exclusive aux métiers du numérique, cette philosophie agile se diffuse dans le restant des services des entreprises. En effet, quel est l’intérêt de réclamer de l’agilité à une équipe de développeurs si c’est pour retomber dans les vieux démons des silos et des pré carrés dans les autres services.…..?
De même, l’approche Design Thinking qui est la norme dans les start-up (qui savent « innover à l’intérieur ») se diffuse vers les grands groupes. Parce que multidisciplinaire, elle favorise la transversalité et permet de casser les silos
L’arrivée de la génération Z change-t-elle quelque chose ?
La bataille de l’Innovation est engagée. Ajoutez à cela une nouvelle génération de Millenials qui arrivent sur le marché de l’emploi et refusent le statu quo et le management “à la papa” et veulent revenir à ce qui parait naturel : il faut innover à l’intérieur de l’entreprise. Cela nous promet un match passionnant !
Merci pour ces éclairages pour mieux « innover à l’intérieur de l’entreprise ». Rendez-vous est déjà pris pour creuser ce sujet !
Didier Bourdenet et Franck Baudoin du cabinet Novattitude peuvent vous aider à faire décoller l’innovation de votre boite !
Retrouvez les ici ➽ Novattitude
Pour un pré-diagnostic gratuit de l’Innovation dans votre entreprise, envoyez un simple mail à prediag@lescahiersdelinnovation.com avec le code LES CAHIERS.
Commentaire sur “Innover à l’intérieur de l’entreprise c’est possible ?…… (épisode 2)”
Merci Jean Pierre pour cet article qui me parle. Notamment sur l’aspect culturel où : partage du savoir = partage du pouvoir. Je me suis souvent poser cette question à savoir comment changer les choses lorsque le savoir circule mal dans une entreprise. Je ne vois que deux options : soit le management en prend conscience et agit en conséquence, soit chacun à son niveau fait des propositions en l’absence de cadre. Mais il est clair que pour faire des propositions, et donc participer de l’intérieur au processus d’innovation, il faut en comprendre le sens, en avoir envie, en avoir le temps et se sentir écouté. Il y a donc là aussi une composante managériale à mettre en place pour que chacun puisse participer à la construction de l’édifice.
Mon conseil malgré tout est de se réserver un peu de temps chaque semaine (ce ne serait qu’une heure…) pour travailler une idée qui ne nous est pas demandée, pour s’intéresser à un domaine autre que le sien. Le pouvoir ne se donne pas, il se prend 😉
A bientôt,
Laurent du blog Innover-Malin