L’internet des objets va t-il tout connecter ?

En 15 ans le champ des usages des objets connectés n’a cessé de s’étendre qu’il s’agisse de produits à destination des professionnels ou de biens de consommation domestiques ou ludiques. Qu’ils soient véritablement utiles ou des gadgets éphémères leurs fonctionnements et/ou leurs usages interrogent quant à leur incidence sur la vie en société ou le comportement individuel, sur les risques de cyberattaques auxquels ils sont exposés et sur les dérives économiques, sociale, ou politiques d’une exploitation de nos données personnelles qui peuvent impacter nos capacités de choisir et notre liberté de « faire ». Les milliards d’objets connectés vendus en quelques années dans le monde témoignent de leur fulgurant essor et de la fascination des consommateurs comme des médias pour le nouveau concept d’internet des objets.

Les objets connectés ne datent pas d’hier

Les premiers objets connectés (au sens propre du terme) ont été inventés il y a plus d’un siècle, puis leurs technologies se sont constituées parallèlement au progrès de l’électronique (miniaturisation), de l’informatique (puissance des programmes / algorithmes et capacité de traitement de données) et des télécommunications « radio ».

  • 1898 Nikola Tesla invente le premier objet commandé à distance : un bateau miniature piloté par ondes radio.
  • 1929 Première transmission radio d’une mesure de température à partir d’un ballon sonde.
  • 1968 Première utilisation du terme Machine to Machine – La technologie liée à la transmission de données par les lignes téléphoniques est breveté par Théodore Paraskevakos.
  • 1969 la premier connexion entre deux ordinateurs est réalisée sur Arpanet qui est premier réseau à transfert de paquets de données conçu aux États-Unis.
  • 1976 Les laboratoires Bell d’ AT&T développent le premier protocole d’échanges de données entre ordinateurs utilisé jusqu’à l’avènement de TCP/IP et d’ Internet.
  • 1982 Des étudiants de l’Université Carnegie Mellon de Pittsburgh inventent un distributeur de boisson relié à ARPANET.
John Romkey présente un grille-pain connecté à Internet. Ce grille-pain est considéré comme le premier appareil de l’histoire de l’IdO. Il était connecté à un ordinateur via un protocole TCP/IP
  • 1999 Émergence du concept et de la qualification de l’internet des objets au MIT et lancement de travaux dédié à la création d’objets connectés à l’aide de l’identification par radiofréquence et les réseaux de capteurs sans fil.
  • 2000 La société LG lance le premier réfrigérateur communiquant.
  • 2007 Lancement du premier smartphone qui ouvre le premier marché de masse des objets connectés via les mesures qu’il peut faire (localisation, mouvements… ) et qu’il transmet par les applications que l’on y a chargées (calcul d’itinéraires, quantification de l’activité physique… ).

Aujourd’hui, les objets connectés sont partout

Les objets connectés se comptent en milliards depuis 2010. Leurs applications dans vie professionnelle et dans la vie privée ne cessent de s’étendre. On les trouve dans pratiquement tous les secteurs économiques (industrie, agriculture et services comme les bâtiments collectifs, le transport et la logistique, le commerce, la finance), dans diverses applications d’intérêt général (santé, vie urbaine, protection des populations) et dans d’innombrables usages domestiques et/ou ludiques (Mobilité, Domotique, Appareils électro-ménagers, Loisirs, Sécurité)

L’économie est de plus en plus connectée

  • Industrie : l’Internet des objets est utilisé pour le management des chaînes production avec intervention automatisées sur le déroulement du process (cadence des machines), de son environnement (éclairage, ventilation) et/ou son efficacité (mesure de la production, identification de défauts de qualité). Il est aussi utilisé pour faire la maintenance prédictive des équipement, pour gérer des ressources et des stocks (robot inventoriste, convoyeur autonome), et veiller à sécurité des opérateurs (isolés).
  • Agriculture et environnement : les objets connectés équipent les engins agricoles pour améliorer leur performances et programmer la maintenance. Ils servent aussi à faire suivi de la croissance des cultures, à maîtriser de l’irrigation, à optimiser des interventions (fertilisation, traitements), gérer les élevages (alimentation, santé), à prévenir les risques (météo, ravageurs,…)
  • Bâtiments à usage collectif : l’internet des objet est employé pour réguler la consommation d’énergie en fonction de l’affluence, pour piloter la maintenance des équipements (climatisation, ascenseurs), pour gérer l’occupation de l’espace (comme le guidage vers une place de parking et pour assurer sécurité (contrôle d’accès, prévention incendie)
  • Transport et logistique : les objets connectés qui équipent les véhicules permettent de connaître leur état fonctionnel (y pression des pneus) et leur localisation (optimisation des tournées), de gérer les appairages tracteur-remorque, d’analyser la conduite pour former les chauffeurs si besoin, de faire l’inventaire des marchandises transportées en temps réel, de certifier le parcours et valider la chaîne du froid s’il y a lieu, d’effectuer des manipulation des marchandises par des robots ou co-robots sur les plateformes de chargement et dans les espace de stockage.
  • Commerce : l’internet des objets est utilisé pour gestion centralisée des espaces de stockage, pour le réglage de la luminosité des locaux en fonction de l’affluence ou le pilotage de l’éclairage des produits lors du passage ds clients dans les rayons, pour la prévention des vols (vidéo-surveillance assistée par intelligence artificielle, balisage des objets de valeur), pour la sécurité incendie
  • Services de distribution : il y a près d’un milliard de compteurs connectés dans le monde qui sont destinés à optimiser la consommation d’eau, d’électricité.
  • Banque et finance : l’analyse des risques et l’anticipation des besoins de financement commence à se faire à l’aide de données collectées via des montres connectés, des applications pour smartphone, ou des trackers sur les compte en ligne des clients.

Les applications d’intérêt général sont nombreuses

  • Dans le domaine de la santé
    • Pour les personnes : surveillance de l’état de santé (poids, rythme cardiaque) ou mesure de l’activité physique/performances), diagnostic à distance : mesure des constantes (pouls, température, TA), contrôle de l’observance d’un traitement (pilulier connecté, respirateur pour apnée du sommeil communicant).
    • Pour les établissement de soins : localisation du matériel, déclenchement de l’approvisionnement en médicament et autres consommables de soin, surveillance de la qualité de l’air gestion de l’occupation des chambres, consultation du dossier complet du patient avec les terminaux portables des soignants habilités.
  • Dans la vie quotidienne, en ville principalement : pour réguler des réseaux de transports en fonction du trafic, pour gérer des ressources : énergie (éclairage, chauffage-climatisation des bâtiments publics), pour détecter des anomalies sur les réseaux (eau, électricité, gaz), pour piloter les infrastructures et le mobilier urbains (parkings, éclairage, conteneur de déchets…),
  • Dans le secteur de la protection : pour la prévention des risques (incendie, accident industriel), pour la sécurité civile (incidents violents) et la défense militaire.

Qu’il s’agisse des activités économiques ou d’intérêt général, le déploiement et l’utilisation de l’internet des objets répond à des critères d’efficacité, de réactivité, de précision, de fiabilité, d’optimisation des coûts et d’amélioration du service rendu.

Les objets connectés pour le grand public et la société de consommation 4.0

  • le smartphone est le plus ubiquitaire. Nous sommes plus de 3 milliards dans le monde à en avoir (au moins) un dans notre poche. Avec ses nombreux capteurs (microphone, puce GPS,capteur photo/vidéo, accéléromètre, gyromètre, magnétomètre,…), ce « couteau suisse » numérique nous connecte par émission de données ou par réception d’informations via de multiples notifications.
  • le smarthome est le marché B2C qui progresse le plus. Il combine domotique, appareils électroménagers communicants et enceintes intelligentes et gère le confort (température, luminosité) et la sécurité du logement vidéosurveillance, contrôle d’accès). La commande ou la programmation de ces objets connectés se fait avec un smartphone ou une enceinte « intelligente » qui peut aussi lancer la diffusion de musique, effectuer une recherche sur Internet, consulter la météo, les conditions de circulation et même de passer des commandes sur des sites marchands.
  • les wearables, objets connectés que l’on porte, voient leur ventes décoller principalement dans le segment des montres et bracelets connectés qui préviennent de l’arrivée d’un message ou d’un appel, affichent les événements de l’agenda, donnent la météo et suivent l’activité physique.
  • la voiture connectée : l’obligation, dans l’Union Européenne, d’équiper les voitures neuves du dispositif d’appel d’urgence e-call depuis le 31 mars 2018 a accéléré l’application de l’internet des objets à l’automobile dont de nombreuses fonctions peuvent maintenant être commandées à distance par un smartphone : Géolocalisation, verrouillage/déverrouillage, chauffage/climatisation, programmation de la recharge des véhicules électriques ou hybrides.

Dans le catalogue à la Prévert des objets connectés pour le grand public on trouve aussi des gadgets surprenants voire absurdes, comme des sex-toys, une boite qui indique le nombre d’œufs qu’elle contient, une brosse à dent qui mesure la vitesse du mouvement de son utilisateur…

La diversité des items de ce catalogue qui ne cesse de s’épaissir montre que l’acte d’achat de ces nouveaux produits de consommation relève d’un choix délibéré, ou découle de l’influence d’un marketing sophistiqué ou encore d’une communication qui flatte (stimule) le fétichisme technologique.

Un marché en croissance face à des défis multiples

Avec 9,5 milliards d’unités 2019 le nombre d’objets connectés dépasse le nombre d’individus sur terre (chiffres IOT Analytics). En volume, plus de 60% de ces produits sont destinés au grand public. En valeur ce sont les objets connectés destinés aux professionnels qui tirent le marché avec des investissement de 570 milliards d’euros soit 85% des dépenses mondiales, estimés à 670 milliards d’euros en 2019.

Bien que les chiffrages soient très variables d’une étude de marché à l’autre ) la croissance (+ 25 % de 2019 à 2020) devrait se poursuivre grâce aux améliorations technologiques, à la déclinaison sur de nouveaux usages parallèlement à l’adoption par des usagers ou des entreprises qui n’ont pas encore franchi le pas. Les estimations du nombre d’objets connectés en 2025 vont de 50 à 150 milliards d’unités, la valeur du marché de l’internet des objets pourrait atteindre 1000 à 1400 milliards d’euros en 2025 et 1300 à 2300 milliards d’euros en 2029.

Ces estimations optimistes ne doivent pas faire oublier les multiples défis auxquels ce nouveau marché fait face.

L’extension de l’internet des objets et la consolidation des marchés qui lui sont rattachés dépendent de leur capacité à satisfaire les attentes des utilisateurs et à répondre à des questions techniques, économiques, sociales et sociétales en particulier sur les risques de cyberattaques et sur la protection des données.

Adoption et/ou appropriation variables selon que les catégories d’utilisateurs

Pour le consommateur le prix et surtout le ratio coût/utilité et coût/confort de l’objet ou du service apporté est un critère déterminant : les réfrigérateurs capable de faire la liste de courses qui valent plusieurs milliers euros ont moins de succès que les enceintes connectée à quelques centaine d’euros. La praticité, la fiabilité et la durabilité des produits pèsent aussi sur l’adhésion à ces nouveaux produits (même les technophiles n’aiment ni la complication ni les pannes…). En revanche l’impact de la très subjective notion d’utilité sur développement du marché « grand public » est hypothétique car cette clientèle est à la fois stimulée par des campagnes marketing pour cette nouvelle opportunité de business et freinée par des injonctions à une frugalité écologiquement et socialement responsable.

L’appropriation par les entreprises est surtout liée aux gains d’efficacité que peut apporter l’internet des objets laquelle est très variables selon leur taille, le degré de numérisation de leurs activités et leur capacité à gérer l’hétérogène maturité des technologies (capteurs, transmission, cloud, plateformes…) ainsi que les problèmes d’interopérabilité entre les différentes familles de solutions connectées.

Pour les activités d’intérêt général comme la santé, l’éducation et la culture la transparence et la durabilité des objets connectés sont incontournables et nécessitent des standards d’interopérabilité et de rétrocompatibilité robustes.


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