La matrice de découverte (également appelée « matrice heuristique ») est un tableau à double entrée qui permet de confronter deux types de variables. Elle permet de produire des idées nouvelles en confrontant des éléments qui ne sont habituellement pas combinés ensemble. Elle s’inscrit donc dans la liste des outils de créativité. C’est un outil simple mais potentiellement très puissant s’il est bien maîtrisé. Et n’oubliez pas le Quiz à la fin de cet article !

Le principe de la matrice de découverte

Cette technique repose sur la « bissociation » (théorie d’Arthur Koestler), qui est considérée comme un des processus clé de la créativité.Il s’agit d’associer ou plutôt de combiner deux idées, deux solutions ou deux univers parfois a priori très étrangers, afin d’en créer un troisième, inédit. Les néologismes trissociation et multissociation sont construits sur la même base et employés, comme leur nom l’indique, en fonction du nombre d’idées associées dans une réponse à un problème donné. Un bon exemple de multissociation est le Douglas DC-3, combinaison, sur le même appareil, de cinq solutions techniques jusqu’alors éparpillées.

Comme c’est un processus créatif clé de la créativité, les exemples abondent. Au nombre des exemples les plus représentatifs et couronnés de succès commercial, on peut également citer (cf. Wikipedia) :

• la motoneige, motocyclette adaptée à des skis ;
• le code-barres, inspiré du braille et du système optique de lecture des bandes son au cinéma ;
• le jeu vidéo, utilisant originellement la télévision familiale et l’informatique personnelle ;
• le roller, patins à roulettes et chaussures de sport ;
• le kite-surf, cerf-volant couplé à un surf modifié ;
• le VTT, adaptant le concept de l’automobile type 4×4 au monde du vélo ;
• le Leica, combinaison d’un boîtier d’appareil photographique et d’une pellicule destinée au cinéma ;
• la planche à voile, hybride de surf et d’embarcation légère ;
• etc.

Construire une matrice de découverte

La matrice de découverte a la particularité de permettre aux utilisateurs d’imaginer de nouvelles utilisations ou fonctionnalités à un produit ou un service. Bien sur, la difficulté est de trouver les deux bases de données à croiser. La qualité des résultats obtenus dépend évidemment de l’originalité des valeurs qui sont croisées et de la capacité d’animation du responsable de la séance de créativité. Bien souvent, des brainstormings rapides permettent de trouver les éléments à croiser et à rapprocher.

Le brainstorming ou remue-méninges

Prenons l’exemple suivant : on cherche un nouveau cosmétique, un positionnement innovant sur ce marché déjà saturé.

Deux possibilités existent pour construire la matrice :

• une matrice « carrée » lorsque les valeurs sont les mêmes en abscisses et en ordonnées dans le tableau
• un matrice dite « rectangulaire » lorsque deux univers sont croisés.

Pour la matrice carrée nous choisissons de croiser, avec elle-même, une liste de verbes identifiée grâce à un rapide brainstorming. La question posée est : quelles actions peuvent avoir les produits cosmétiques sur le corps ? Les réponses (vernir, épiler, nourrir, …) sont reportées dans le tableau ci-dessous et chaque intersection est ensuite passée en revue. Le groupe estime alors que certaines interactions ne présentent que peu d’intérêt (ex : « parfumer » / « désodoriser ») mais en retient d’autres et décide de les approfondir. Pourquoi pas, par exemple, imaginer un produit qui parfume et insensibilise en même temps ?

La matrice rectangulaire est également construite grâce à deux rapides brainstorming qui permettent d’identifier les valeurs à croiser. Dans notre cas, la première question était : « quels sont les contenants possibles des cosmétiques » et la seconde : « quels en sont les contenus possibles ». Le résultat de ces deux exercices sont présentés ci-dessous. Là aussi, le croisement des valeurs obtenues permet au groupe de trouver des idées en croisant des univers, des mots clé qui ne sont normalement pas rapprochés. Par exemple : pourquoi ne pas imaginer un vernis à ongle s’apposant grâce à un stick ou bien un dentifrice en poudre (ce qui existe déjà en fait).

En réalisant ces rencontres forcées, on peut trouver de nouvelles idées d’innovation. Bien sur ce ne sont à ce stade que des idées qui devront être creusées et travaillées. Parfois, ces idées sont approfondies par de nouveaux brainstormings ou de nouvelles matrices.

Si la méthode parait simple à mettre en œuvre, elle nécessite en fait, comme toutes les techniques de créativité, beaucoup d’expérience de la part de l’animateur. En outre, un des principaux points faibles de la matrice de découverte est son caractère systématique qui, dans le cas de matrices trop grandes, conduisent à des séances de créativité très longues et fastidieuses. L’idéal est donc de l’associer à d’autres techniques pour plus d’efficacité.

Ressources

Quelles techniques pour un groupe primo-créatif ?

• Il est parfois difficile pour un groupe « primo-créatif » de se laisser aller. Avez-vous des techniques, des pratiques, des outils qui permettent de résoudre ce problème ? N’hésitez pas à partager vos idées sur notre forum.

• Voir aussi les deux espaces de discussion : Les compétences pour être créatifs et Créativité et innovation.

Ouvrages et vidéo

• Résolution de problème : les outils (format pdf – 628.6 ko – 07/04/2006) Points de repère n° 18, METL, janvier 2001
• http://www.creativite.net/brainstorming-remue-meninges-techniques/definition-du-brainstorming/
• http://www.intelligence-creative.com/410_brainstorming_histoire.html

Pour en savoir plus, vous pouvez également consulter les ouvrages que je vous conseille sur la créativité.