Le brainstorming c’est un peu la tarte à la crème de l’Innovation… On est bloqué sur un problème ⛔ ? Brainstormons ! Il nous faut l’innovation 💡qui va disrupter le marché ? Brainstormons ! La concurrence nous taille des croupières 📢 ? Brainstormons ! Pour les amateurs de la théorie du complot, il n’y a qu’un pas pour prétendre qu’il s’agit d’un coup des inventeurs du Post-it® pour augmenter les ventes des petites étiquettes adhésives jaunes … Bon, je caricature un peu ayant moi même recouvert les murs de mon bureau de nombreuses « notes autocollantes » (comme disent les Québécois). Quoi qu’il en soit cela amène à se poser quelques questions sur cette pratique qui, contrairement aux croyances, n’est pas récente…. En effet, le brainstorming a été créé en 1940…. aux USA (bien évidemment) puis démocratisée par Alex OSBORN en 1953 dans son livre « Applied Imagination ». LEGO ®, avec sa méthode « LEGO SERIOUS PLAY ® », permet-il de s’affranchir des limites du brainstorming ?
Le brainstorming est basé sur 4 principes :
- Ne pas critiquer
- Se laisser aller
- Rebondir
- Privilégier la quantité sans imposer ses idées
Longtemps considéré comme incontournable, le brainstorming est aujourd’hui critiqué (à juste titre 😀).
Les limites et problèmes du brainstorming
Problème 1 : La facilitation est indispensable
La présence d’un facilitateur est impérative afin de s’assurer que les règles du jeu sont suivies. Il doit avoir suffisamment d’expérience et d’autorité pour que tout le monde joue le jeu.
Problème 2 : La grande g…le qui sait tout !
On le (la) connaît tous, celui (celle) qui a réponse à tout et impose ses points de vue. Pas toujours facile à gérer et demande au facilitateur beaucoup d’énergie. (cf. Problème 1 😳).
Problème 3 : Trop de choix tue le choix !
A vouloir produire en quantité sans se soucier de la qualité on se retrouve avec pléthore de propositions, souvent sans intérêt par rapport à la problématique et difficiles à trier.
Problème 4 : Le rendement n’est pas assuré
L’efficacité du brainstorming est loin d’être évidente. Des études ont démontré que la somme des idées de personnes prises séparément était plus importante que les idées générées par un groupe… tout ça… pour ça !
Bref, tout n’est pas rose dans le monde du Brainstorming ! Au point où de nouvelles techniques ont émergé.
Le Design Thinking à la rescousse
Autre outil très en vogue et largement diffusé aujourd’hui dans le monde de la start-up : le Design Thinking.
Cette méthode développée dans les années 1990 et rendue célèbre par l’agence IDEO.
Le constat : la quasi-majorité des personnes ne peuvent pas exprimer directement leurs attentes ni les innovations quelles souhaiteraient avoir (bien malin qui aurait pu décrire un Iphone en 1995 !📱). Comment contourner ce problème ? On se met en empathie avec la personne qui est concernée par le produit/service à développer.
En se « mettant à la place de l’autre » on recherche à comprendre ses motivations, craintes, frustrations, sources de satisfaction afin d’identifier des pistes de travail. Aujourd’hui toute start-up se doit d’utiliser du Design Thinking et de « pitcher » ad nauseam le « pain point » (traduction : problème utilisateur) qu’elle résout !
Est-ce « LA » solution idéale ? C’est un pas dans la bonne direction puisque il permet de replacer l’utilisateur au centre de l’arène et justement de s’intéresser aux usages. Revers de la médaille, la principale difficulté de ce type d’approche est justement de « se mettre à la place de l’autre ».
❝Je ne suis pas l’autre et l’autre n’est pas moi !❞
Cela peut paraître évident mais lorsque l’on se met à la place de quelqu’un, on y met immanquablement un peu de soi : préjugés, idées reçues, méconnaissance de la réalité, cas particuliers érigés en vérité universelle… Les risques d’inférences sont réels et on peut facilement bâtir des châteaux en Espagne sur un malentendu !
C’est d’ailleurs pourquoi la méthode impose de reboucler très rapidement vers la réalité en faisant des validations sur le terrain (observation, questionnement, test) et c’est d’ailleurs là que les entreprises digitales excellent avec le fameux « Fake it until you make it ! » : si mon intuition est confirmée, avançons, sinon passons à une autre idée !
C’est pourquoi une approche Design Thinking efficace doit être couplée à des approches de type Lean Start-up ou Design Sprint.
Alors, quelle méthodologie serait vraiment efficace pour extraire la quintessence de toutes les parties prenante ?
La méthodologie LEGO SERIOUS PLAY® mérite le coup d’œil !
Tout d’abord, évacuons le terme « jeu » de la discussion. Si la méthode réside dans l’utilisation de briques LEGO , il s’agit bien d’un processus rigoureux et sérieux même si le plaisir fait partie intégrante de l’approche. La méthode a été développée au milieu des années 1990 sous l’impulsion de Kjeld Kirk Kristiansen, petit fils du fondateur de LEGO et en collaboration avec l’IMD de Lausanne.
A l’époque, le groupe subissait de plein fouet la concurrence du jeu vidéo. A la recherche de solutions, il avait constaté l’inefficacité de méthodes d’innovation « classiques ». C’est pourquoi il a décidé de financer des travaux de recherche sur la question avec l’IMD de Lausanne. Ces travaux visaient à définir de nouveaux modes d’innovation et d’approche stratégique basée sur l’utilisation des fameuses briques.
Ce fût le point de départ de nombreuses expérimentations, tâtonnements, itérations et amélioration pour aboutir à LEGO SERIOUS PLAY.
Utiliser les LEGO pour ❝penser avec ses mains❞
La méthode est basée sur le constat que nos mains sont les organes les plus connectés au cerveau. L’Homonculus du neurochurgien Wilder PENFIELD illustrant parfaitement cette prépondérance.
Lorsque l’on manipule un objet, on active en direct des zones du cerveau fortement liées à la créativité et l’imagination.
Dès lors, la méthode va s’intéresser principalement à la manipulation des objets, aux émotions qu’elle génère et aux idées qui prennent vie dans les mains des personnes.
La méthode est basée sur un core process (process cœur) qui se déroule toujours en 4 parties :
La méthode tire sa puissance dans la matérialisation de métaphores (c’est à dire d’idées abstraites) dans des réalisations concrètes en 3D. Ces métaphores sont renforcées par du story telling, qui permet le partage de l’information, de donner du sens et de renforcer la créativité.
La méthode permet d’éviter « le biais d’ancrage » que l’on observe avec le post-it®. LEGO SERIOUS PLAY est au Post-it ce que les images sont aux mots. Avec LEGO SERIOUS PLAY les constructions sont des images, elles n’obéissent à aucun sens de lecture présumé. Ce qui en fait également d’ailleurs un excellent moyen de mémorisation.
Elle est complétée par 7 techniques d’application qui sont spécifiquement utilisées en fonction des objectifs de l’atelier :
- Définition d’un profil individuel ou d’équipe,
- Partage d’informations et de valeurs communes,
- Vision panoramique de l’entreprise dans son environnement,
- Résolution de problème,
- Définition de stratégies et influences de facteurs internes et externes,
- etc.
Chaque personne contribue pleinement à la séance en étant respectée pour son apport. L’engagement de l’équipe est réel et permet de prendre de véritables décisions en temps réel.
En conclusion
Pas de panique ! Les petites notes adhésives et le design thinking ont encore de beaux jours devant eux…….. mais il serait dommage de ne pas tirer partie de la puissance de la méthode LEGO SERIOUS PLAY pour libérer la créativité, trouver des solutions et améliorer la cohésion des équipes.
Bref, vous l’aurez compris, pour vos prochains brainstorming pensez à faire appel à un facilitateur certifié à la méthode LEGO SERIOUS PLAY !
Pour en savoir plus
- le forum sur l’innovation et la créativité
Les leçons et les outils pour le management de l'innovation |
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Commentaire sur “Le brainstorming en 3D avec LEGO ®”
Bonjour Didier,
Merci pour la présentation de cette méthode originale. Vous mettez le doigt sur la notion de représentation d’un problème ou d’une solution. On est tous plus ou moins à l’aise en fonction du type de support choisi.
Certains se projetteront très facilement avec une simple phrase écrite sur un post-it. Personnellement, je préfère un croquis pour comprendre la force d’une idée. Et d’autres enfin seront sans doute très à l’aise avec des LEGO, ce sera pour eux plus concret. En réalité, les représentations ne s’opposent pas… mais se complètent.
Je vois aussi un autre point à prendre en compte. C’est le temps nécessaire à la représentation d’une idée. Écrire un post-it prendra quelques secondes, un croquis prendra quelques minutes et j’imagine qu’une maquette en LEGO prendra encore plus de temps. Tout ça pour dire que le support choisi aura un impact certain sur le nombre d’idées générées en un temps donné.
A très bientôt,
Laurent Cachalou du blog Innover Malin