Le mot cluster a fait une entrée fracassante dans le vocabulaire du grand public à cause de la crise du coronavirus. Plus une journée sans qu’on ne découvre un nouveau « cluster » de malades. Ce terme de « cluster » a été employé dès le début de l’épidémie de coronavirus quand les premiers foyers de contamination ont été identifiés. « Cluster » est un terme anglais qui signifie en français « grappe » ou « groupe ». Dans le cas de la pandémie de Covid-19, les autorités sanitaires emploient ce terme lors de l’apparition de cas groupés de personnes testées positivement au Covid-19. Mais ce mot était utilisé depuis très longtemps dans le domaine économique, notamment pour décrire un des modes d’organisation d’entreprises jugé particulièrement performant pour l’innovation.
- Dans cet article
- Les origines du cluster
- Le cluster, qu’est-ce c'est ?
- A l’international
- Et en France ?
- Les échanges sur les pôles et les clusters dans les forums
Les origines du cluster
Les premières études sur le cluster remontent à la fin du XIXème siècle.
Dès 1890, le premier à aborder le concept de cluster est l’économiste anglais Alfred Marshall[ref]Alfred Marshall né en 26 juillet 1842 à Londres, mort le 13 juillet 1924 à Cambridge, économiste britannique, est l’un des pères fondateurs de l’école néoclassique, qui est l’un des courants de pensée dominants actuellement en économie, et l’un des économistes les plus influents de son époque[/ref]. L’économiste le plus influent de son époque a été le premier à parler de cluster et de ses bienfaits pour les entreprises qui se concentrent sur un même endroit. Un siècle plus tard, le théoricien et professeur à la Harvard Business School, Michael Porter, a décrit les phénomènes de regroupement des entreprises et a rendu populaire le concept d’ ”industry cluster”. Sa définition est aujourd’hui la plus reprise dans le monde.
« un cluster est la concentration géographique d’entreprises interdépendantes : fournisseurs de biens et de services dans des branches industrielles proches ; les firmes livrant le produit final coopèrent avec les universités, et leurs concurrentes ».
Michael Porter
Le cluster, qu’est-ce c’est ?
Un cluster est ce qu’on définit communément comme une grappe d’entreprises. Elle est constituée dans la plupart des cas d’entreprises petites ou grandes qui se concentrent sur un même lieu géographique et qui proviennent souvent de la même filière. Le cluster peut rassembler exclusivement des entreprises mais également des entreprises, des organismes de formation et des centres de recherche.
Les chefs d’entreprises ont un rôle majeur au sein de ces grappes où une stratégie choisie collectivement permet la mise en place d’actions et de services concrets et mutualisés tels que la création de groupements d’employeurs, la mise en place d’achats ou d’utilisation partagés d’équipements de production, des missions à l’export, …. Cela que le principe que la somme d’un tout dépasse la somme des parties, ces initiatives permettent ainsi d’améliorer la compétitivité et la performance des entreprises membres du cluster. La relation prévalant entre les entreprise au sein du cluster va de la franche coopération à la coopétition[ref]https://fr.wikipedia.org/wiki/Coop%C3%A9tition[/ref].
Les clusters sont donc des acteurs très importants pour le développement et la compétitivité des entreprises et a fortiori des États.
A l’international
Actuellement, les politiques et les économistes cherchent des solutions pour favoriser leurs entreprises nationales, dans un contexte de forte concurrence à l’échelle mondiale. Ils sont donc de plus en plus attirés par le développement de clusters qui permettent aux entreprises de rester compétitives et qui ont déjà fait empiriquement leur preuve.
Le cluster le plus célèbre, la Silicon Valley aux États-Unis, fait saliver de nombreux États qui rêveraient reproduire l’expérience. En effet, le pays d’Obama et de Trump a depuis longtemps mis en place une politique d’innovation autour des grappes d’entreprises (et du « complexe militaro-industriel », mais c’est une autre histoire). C’est un des pionniers en matière de politique de clusters.
Outre les États-Unis, de nombreux pays tentent de rattraper leur retard et développent leurs propres clusters qu’ils tournent vers l’international afin d’être plus compétitifs vis-à-vis de l’attractivité des grands complexes industriels à bas coût de la Chine, de l’Inde, etc. Ils se positionnent ainsi sur des marchés de haute technologie, sur lesquels leur savoir-faire fera la différence.
Les « Kompetenznetze » allemands, les districts industriels italiens ou le parc de Hsinchu à Taiwan sont autant de clusters tournés vers l’international et spécialisés en haute technologie.
Progressivement, des partenariats se nouent également à l’échelle internationale entre les cluster nationaux. Ces partenariats sont signés entre clusters d’états différents pour mettre en valeur les atouts des clusters et de leur région, dans une logique de « spécialisation compétitive ». Cependant, les obstacles à franchir pour internationaliser les « clusters » sont nombreux : le manque de confiance entre les partenaires, les conflits d’intérêts qui existent entre ces derniers, le manque de temps et de ressources ainsi que le manque de moyens financiers.
Cluster spontané. Collaboration proactive. | Collaboration organisée | |
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Cluster composé seulement d'entreprises | Districts Industriels (Italie, UK…) | Parcs industriels (Chine, Allemagne…) |
Cluster composé d'entreprises, d'organismes de formation, de centres de recherche | Silicon Valley, Hollywood… (USA) | Pôles de Compétitivité (France) Research Triangle (USA) Japon Belgique Hongrie Grappes, Créneaux (Canada) Kompetenznetze (Allemagne) |