Les Cahiers de l’innovation l’affirment jusque dans leur slogan : « innover c’est transformer une idée en valeur ». Tout commence donc par une idée. Et pour que cette idée puisse conduire à une innovation, elle doit être originale et différente de ce qu’on voit déjà partout, tout le temps. Mais comment penser comme un innovateur ? Bien sûr les caractères des personnes sont décisifs et, parce qu’ils échappent à notre contrôle, peuvent paraitre injustes. On va considérer que « telle personne est innovante », parce qu’elle formule régulièrement des pensées non conventionnelles, originales et nous permet de sortir des sentiers battus.
- Dans cet article
- Une attitude lucide
- Penser comme un innovateur, ce qu'il ne faut pas faire
- Ressources
Une attitude lucide
Au-delà de l’aspect inné ou éducationnel, chacun de nous peut cultiver, même adulte, des attitudes ou prêter des attentions à ce qui va lui permettre de penser comme un innovateur.
Vous avez rencontré des personnes aux idées innovantes. Qu’ont-elles en commun ? Selon moi, penser comme un innovateur, ce n’est pas vivre un peu trop « dans sa tête », dans un monde un peu parallèle. Loin d’être des rêveurs, ceux qui parviennent à penser comme des innovateurs, voient le monde tel qu’il est et non tel qu’ils voudraient qu’il soit.
Je suis ce que je me raconte de moi-mêmeNotre rapport au monde passe par le truchement du langage. Nous ne voyons pas le monde tel qu’il est vraiment mais tel que nous nous le représentons, tel que nous cherchons à lui donner du sens, grâce aux mots et au récit que nous inventons sans cesse à son sujet. Selon le concept d’identité narrative de Paul Ricoeur, en nous racontant notre vie, nous nous construisons et nous reconstruisons sans cesse. C’est en étant à la fois l’écrivain et le lecteur du récit de nos vie que nous pouvons répondre à la question « qui suis-je ».
J’ai tendance à imaginer que celui qui parvient à penser comme un innovateur est en fait quelqu’un dont les récits qu’il se raconte, sur lui-même et sur le monde, sont un peu différents de ce que se raconte la plupart des gens. En plus de cette caractéristique, il lui faut aussi beaucoup de courage : celui de bousculer l’ordre établi et les pensées communes, de remettre en question le statu quo et de prendre des risques (y compris le risque d’être incompris ou mal jugé par les autres).
En effet, les gens dans la société sont presque tous conformistes. Ils font ce que nous attendons d’eux et ils se comportent comme tout le monde. Ce qui sous tend ce comportement, c’est bien sûr la volonté de s’intégrer et se sentir acceptés par leurs pairs.
Mais comment chacun de nous peut-il tenter de changer sa façon de penser afin d’être plus fructueux dans sa recherche de nouvelles idées ou dans son approche des problèmes. Plutôt qu’un inventaire de bonnes pratiques à suivre, je vous propose ici une liste de choses à tenter d’éviter au quotidien.
Penser comme un innovateur, ce qu’il ne faut pas faire
Imaginer le pire
Le pire arrive, bien sûr, mais n’est jamais certain. La crainte de la catastrophe, la peur que le scénario le pire survienne est facteur de stress mais aussi de conformisme. C’est en faisant comme d’habitude et comme les autres qu’on s’imagine limiter les risques de survenance du pire. Il faut distinguer l’anxiété de la peur. Avec la peur, on anticipe un danger réel. On parle d’anxiété lorsque l’émotion apparaît sans danger réel ou lorsque l’inquiétude, l’appréhension, sont excessives par rapport à la situation.
Si l’anxiété est nécessaire et constitue même un « signal d’alarme » utile, elle peut devenir paralysante. Il y a même des situations pathologiques où l’anxiété est trop forte. on parle alors de TAG, ou « trouble anxieux généralisé ».
Avoir peur d’échouer
La peur de l’échec peut sembler un peu plus rationnelle que l’anxiété que nous venons d’évoquer. Normale dans un certaine mesure, elle est paralysante quand elle aussi devient totalement irrationnelle. Un peu comme une phobie, elle peut devenir très handicapante au quotidien et nous empêcher d’avancer, de mettre en place un projet, de passer à l’action, d’innover.
On sait maintenant grâce aux neurosciences que visualiser mentalement et vivre réellement les événements activent les mêmes zones du cerveau ! La réponse à une peur d’échouer envahissante est donc dans la « reprogrammation », la concentration, la méditation et la visualisation. C’est en visualisant plusieurs fois positivement toutes les étapes de l’action que vous devez entreprendre que vous pourrez vous sentir ensuite plus serein, plus confiant, plus détendu pour agir.
Échouer ne remet en cause ni sa propre valeur ni l’estime que les autres ont pour vous. Il s’agit d’un processus normal d’apprentissage et c’est cette conviction qu’il faut acquérir pour dépasser sa peur de l’échec.
Ne pas savoir trancher
L’attitude de l’innovateur est celle de quelqu’un qui essaie, parfois avant de réfléchir où de mesurer toutes les conséquences de ses actes. Nous l’évoquions par exemple dans cet article sur le design thinking : un innovateur prototype et avance par des essais – erreurs.
Innover, c’est agir. C’est aussi réfléchir bien sûr, mais l’action est primordiale. Quelquefois, les informations semblent manquer pour justifier une action. Le risque est alors de ne pas se sentir en mesure de trancher. Pensez comme un innovateur, c’est savoir que ne pas agir est déjà une décision et que cette décision est souvent la pire qui soit.
Suivre les autres
Il faut du courage pour sortir du troupeau et suivre son instinct, ses convictions. La volonté, souvent inconsciente, de plaire au groupe nous pousse sans cesse à privilégier les comportements moutonniers. Le bon sens et la « sagesse collective » sont souvent juste des habitudes.
Ici aussi, l’innovateur essaie de voir le monde avec lucidité et de garder l’esprit ouvert. Dans certains contextes professionnels, cette attitude est très difficile à adopter et le collaborateur est jugé uniquement sur sa capacité à « suivre les règles et les procédures ». Ces milieux agissent alors comme des repoussoirs pour les innovateurs.