Les salariés au cœur de l’innovation, en France et au Canada
A l’occasion de la 4ème édition de leur grande enquête annuelle auprès de la population active en emploi, Innov’Acteurs – l’association pour le développement de l’innovation participative – et CAPITALCOM ont interrogé Français et Canadiens sur la façon dont les salariés contribuent à l’innovation au sein des entreprises et des administrations afin de comprendre les différences dans l’organisation du travail et la façon dont elle encourage l’innovation participative et met les salariés au cœur de l’innovation, de part et d’autre de l’Atlantique.
Qu’est-ce que l’innovation participative ?
Il s’agit d’une démarche de management structurée qui vise à stimuler et à favoriser l’émission, la mise en œuvre et la diffusion d’idées par l’ensemble du personnel en vue de créer de la valeur ajoutée et de faire progresser l’organisation.
Or, les Français et les Canadiens désignent – unanimement et spontanément – les salariés comme les acteurs contribuant le plus à l’innovation dans l’entreprise (respectivement 69,5% et 60,1%) devant ses dirigeants et les managers ! Néanmoins, les sondés sont peu nombreux à déclarer être suffisamment sollicités pour apporter de nouvelles idées à leur organisation – ils sont 39,4% en France contre 48,4% au Canada. Si cette proportion a augmenté de plus de 8 points depuis 2012 – l’année de la 1ère enquête Innov’Acteurs / CAPITALCOM auprès de la population active en emploi – la plupart d’entre eux souhaiteraient participer plus activement à l’innovation ; ce besoin se fait particulièrement ressentir en France, où près de 75% des salariés déclarent vouloir être davantage sollicités contre seulement 45,7% des Canadiens ! Il semble donc que l’innovation participative soit un peu plus répandue dans les entreprises canadiennes.
75% des salariés français déclarent vouloir être davantage sollicités pour innover !
A noter, les domaines dans lesquels les salariés sont sollicités pour innover sont les même en France et au Canada : l’amélioration des process en interne (28,1% en France et 26% au Canada), le développement de nouveaux produits / services (25% et 22,6%) et les relations avec les clients et les fournisseurs (21,8% et 25,9%). Les moyens mis à disposition, eux, diffèrent légèrement d’un pays à l’autre (cf. ci-dessous)
En revanche, les Français et les Canadiens ont un rapport plus ou moins mâture à l’innovation : contrairement à la France, il existe un véritable « réflexe de l’innovation » au Canada où les salariés contribuent plus spontanément à l’innovation dans l’entreprise. Il apparait tout d’abord que les salariés canadiens ressentent moins d’appréhension que les salariés français lorsqu’ils souhaitent proposer une nouvelle idée et améliorer l’organisation : 47,8% d’entre eux craignent d’être confrontés à des difficultés – le chiffre est élevé mais il reste faible en comparaison des 61,1% de Français. Les craintes identifiées par les salariés dans les deux pays sont similaires (cf. ci-dessous) mais les Canadiens placent la peur de l’échec bien devant le manque de reconnaissance – contrairement aux Français, pour lesquels la reconnaissance constitue un facteur déterminant du rapport à l’innovation participative.
Les résultats de l’enquête suggèrent que les Français attendent – en effet – davantage de l’organisation que les Canadiens, qui accordent une place plus importante à l’engagement individuel : seuls 55% des Canadiens attendent un témoignage de reconnaissance s’ils proposent une innovation, contre 69,6% des Français. Pire, l’absence de reconnaissance décourage 21,9% des Français de proposer de nouvelles idées, contre seulement 14,3% des Canadiens.
En revanche, les salariés en France et au Canada s’accordent sur le trio de tête des reconnaissances attendues : une reconnaissance financière (32,5% en France et 26% au Canada), une évolution de carrière (22% et 18,9%) et la possibilité de participer à la mise en œuvre de son idée (19,8% et 23,9%).
Selon les salariés français et canadiens, les principaux facteurs clés de succès d’une démarche d’innovation participative sont l’existence d’un climat de confiance dans l’entreprise (28,9% et 29,9%) et l’écoute du management (22,5% et 18,4%) ; en 3ème position, les Français désignent les moyens techniques à disposition (15,3%) et les Canadiens, la culture et les valeurs de l’organisation (17,8%).
Or, 48,6% des Français ont le sentiment que les nouvelles idées qu’ils proposent ne sont pas prises en compte, contre 33,2% seulement pour les Canadiens ! Les organisations canadiennes semblent – ainsi – mieux prendre en compte les attentes des salariés qui cherchent à innover et mettre davantage les salariés au cœur de l’innovation. Sans surprise, plus la taille de l’organisation est réduite, plus les actifs ont le sentiment qu’elle prend en compte les nouvelles idées de ses salariés mais la différence entre les petites et les grandes entreprises est – sensiblement – plus importante en France qu’au Canada. Par ailleurs, une écrasante majorité de Canadiens ont le sentiment que le droit à l’erreur est toléré par l’organisation dans laquelle ils travaillent (64,6%) contre une petite moitié de Français (50,4%). Le management « à la canadienne » serait-il une source d’inspiration pour les managers français qui cherchent à développer la créativité de leurs salariés ?