Avec l’expérience, j’ai vu passer quelques modes. Si aujourd’hui on ne parle plus que de design thinking et de co-design, il y a quelques années, on conseillait aux entreprises de s’occuper de leur « portefeuille de technologies ». L’idée était que l’évolution des technologies impactait directement l’activité des entreprises et qu’une entreprise devait avoir une vison claire de ses atouts (les technologies qu’elle maîtrise aujourd’hui) et des risques (les technologies qu’elle ne maîtrise pas mais qui pourraient aboutir à des produits concurrents plus performants ou moins chers par exemple). Parce que la maîtrise des technologies clés fait partie intégrante du management de ‘innovation, j’ai l’habitude de regarder avec attention l’étude prospective conduite tous les 5 ans par l’état français. Je voulais partager cela avec vous.
Le contenu de l’étude technologies clés »
Certains pensent que la France est sur-administrée. Je ne prends pas partie dans ce débat générateur de trolls mais nous pouvons toutefois affirmer que cela présente quelques avantages. Parmi ceux-ci, celui de bénéficier d’études de qualité qui peuvent aider les entreprises et les éclairer dans la construction de leur stratégie d’innovation. Cette étude « Technologies Clé 2020 » propose à la fois une vision stratégique de l’orientation des marchés mondiaux à moyen terme dans neuf domaines d’application, une description des 47 technologies à maîtriser pour conquérir ces marchés (une fiche par technologie clé) et un regard opérationnel sur les technologies à industrialiser pour conquérir ces marchés, au travers des 47 fiches de technologies.
Même si l’étude restera parfois complexe à appréhender par certaines PME, il faut saluer l’effort remarquable de vulgarisation. Le ministère a tenté (et réussi) à en faire un document agréable à lire qui permet d’identifier les défis à relever, les facteurs clé de succès et l’évolution des marchés et des usages. Les neuf domaines applicatifs identifiés sont : l’alimentation, l’environnement, l’habitat, la sécurité, la santé et le bien-être, la mobilité, l’énergie, le numérique, les loisirs et la culture. Selon les domaines, l’étude a identifié entre 11 et 21 technologies clés.
Les schéma ci-dessous représente les technologies clés et les domaines d’application qui peuvent les concerner.
Technologies clés, les interactionsOn voit que certaines de ces technologies sont absolument cruciales car elles s’appliquent à de nombreux domaines et sont en interactions les unes avec les autres. Sans surprise, on va retrouver ici les capteurs, l’internet des objets, la robotique autonome, l’intelligence artificielle, …
La sélection des technologies clés
Comment ont été sélectionnées les technologies clés ? Pas de secret, le ministère s’est appuyé sur le travail déjà réalisé par les pôles de compétitivité (qui avaient déjà écrit leur « feuille de route ») mais y a ajouté les résultats d’une enquête en ligne auprès des écosystèmes d’innovation. Des experts et des comités ad hoc ont permis de passer des 361 technologies identifiées initialement aux 47 qui font l’objet de cette étude. On le voit, même si l’État s’appuie toujours sur ses créatures (pôles, instituts divers, Carnot, …) et considère encore qu’elles sont au centre des écosystèmes d’innovation, pour une fois les Conseils Régionaux (et à travers eux leurs agences et pôles locaux) ont été consultés.
Et après
La maîtrise des technologies n’est rien sans l’intelligence de s’en servir. Qui maîtrise les technologies n’innove pas forcément. L’innovation est à la rencontre des savoir-faire d’une entreprise, de sa compréhension fine de ses clients et de la vision stratégique de ses dirigeants. La réflexion sur le portefeuille des technologies maîtrisées par une entreprise est à la fois un exercice de prospection, de veille, de management des compétences en interne et d’aide aux décisions d’investissement. Bien conduit, il peut aider l’entreprise à innover et à se construire des avantages concurrentiels durables.
Pour en savoir plus
- l’étude complète « technologies clés 2020 » (attention : 641 pages !!!)
- le management de l’innovation
N’oubliez pas que la gestion du portefeuille technologique s’inscrit dans la démarche plus globale du management de l’innovation et en particulier dans la phase première (« acquérir de l’information »).
Les leçons et les outils pour le management de l'innovation |
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- Quelques ouvrages importants sur le thème
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4 commentaires sur “Technologies clés. Les utiliser pour innover.”
Bonjour
Je suis fortement intéressé par ce sujet qui me passionne et pour lequel le Congo, un petit pays aux ressources naturelles pourraient trouver une porte d’entrée. En effet c’est en 1997 lorsque le Professeur Pascal Lissouba avait initié un projet d’études des technologies clés à la lumière des travaux du Ministère francais de l’Industrie et de l’ADIT. Nous avions voulu établir un lien entre les projets que le Congo voulait mettre en place en place et les technologies dont le Congo n’a pas la maîtrise. C’est ainsi que nous avions la cartographie des technologies clés à concevoir.
J’aimerais savoir s’il est possible de discuter avec vous pour réaliser une étude semblable.
Merci de votre attention.
Cordialement
Bonjour Jean Pierre,
Tout d’abord, merci pour la présentation de ce dossier que je ne connaissais pas. C’est très instructif !
Effectivement, l’innovation est à la rencontre des savoir-faire d’une entreprise, de sa compréhension du marché et de la vision de ses dirigeants. D’ailleurs cette liste de technologies clés pourrait très bien donner lieu à un exercice de créativité. Histoire de se projeter dans l’avenir et de s’interroger sur ce qu’elles pourraient apporter au sein de sa propre entreprise… Le questionnement et l’ouverture d’esprit sont des bons préalables à l’innovation et cette liste est vraiment une bonne opportunité à exploiter.
Bonne journée,
Laurent Cachalou
du blog http://www.innover-malin.com
exactement et c’est d’ailleurs comme cela que nous les utilisons régulièrement. Nous proposons des séances de créativité à des dirigeants, sur la base de ces technologies clés,en invitant des experts (technologues, chercheurs, …) à participer.